Géographie de l'Île d'Egine

L'île d'Egine (Aigina) est située dans le golfe saronique, c'est l'île la plus proche du port du Pirée (environ 20km), c'est pourquoi beaucoup d'athéniens viennent passer les fins de semaine ou régulièrement quelques jours dans ce port agréable et vivant (les athéniens y possèdent beaucoup de résidences secondaires). L'île a une superficie de 83 km2 et son point culminant est le mont Oros a 530 mètres d'altitude. C'est une île vallonnée avec des collines fertiles et beaucoup de champs sont couverts d'oliviers, de vignes d'amandiers et de pistachiers (la spécialité de l'île), quelques forêts de pins, de chênes verts et de cyprès couvrent les montagnes.
Les 10 000 habitants vivent principalement de l'agriculture et de la pêche, mais aussi du tourisme qui est actif toute l'année en raison de la proximité d'Athènes (hôtels, restaurants de poissons, ventes de pistaches et de miel).
Le port d'Egine avec ses nombreuses maisons patriciennes du 19ème siècle est un lieu de séjour agréable où la vie s'écoule doucement au rythme des arrivées et départs quotidiens des nombreux ferrys et highspeeds, des bateaux de croisière qui viennent faire une brève escale et dont les touristes viennent visiter le temple Athéna Aphaia, des caïques des agriculteurs qui arrivent le matin du continent pour vendre leurs productions maraichères et fruitières.
La ville d'Egine fût pendant peu de temps la première capitale de la Grèce libérée (juin 1828 à juin 1829) avant que Nauplie la détrône et qu'Athènes devienne la capitale définitive du nouvel état grec. A cette époque, elle fabriqua la première nouvelle drachme avec comme gouverneur Kapodistrias, un des principaux responsables de la guerre d'indépendance. Son activité maritime et commerciale a périclité au 20ème siècle lorsque le port du Pirée est devenu le grand port de Grèce et de la capitale Athènes. Egine n'avait pas les infrastructures pour rivaliser, la ville s'est assoupie et a retrouvé un peu d'activité grâce au tourisme à partir du milieu du 20ème siècle.

Mythologie, histoire de l'Île d'Egine

L'île avait comme nom Oinoné et était, à l'origine une île inhabitée. Aigina était une nymphe, une des 20 filles du dieu des fleuves Asopos qui fût aimé par Zeus. Celui-ci la transporta sur l'île d'Oinoné pour y vivre son amour loin des regards de son épouse, une façon d'agir régulière chez ce dieu. Des amours de Zeus et d'Aigina naquit Eaque, et la nymphe reçu l'île d'Oinoné en cadeau. Elle devint le royaume du roi Eaque qui la nomma Aigina en hommage à sa mère.
L'île était déjà occupée au néolithique (plus de 3000 ans avant J.C) et d'importants vestiges de fortifications de différentes périodes, les unes après les autres, sur le site de Kolona montrent que la ville antique est restée habitée depuis 3000 avant J.C jusqu'à la la période classique.
Des peuples cariens ou lyciens (même origine des côtes d'Asie mineure se seraient installés à Egine). Vers 2500 ans avant J.C, la ville d'Egine est un port prospère, qui commerce avec les îles des Cyclades et la civilisation minoenne de Crète.
Vers 1400 avant J.C la civilisation minoenne est détruite (explosion du volcan de santorin Thera en 1450) et les mycéniens prennent le contrôle d'une grande partie du continent grec et des îles. Ils s'installent à Egine (Eaque chef d'un groupe de guerriers Achéens aurait été à la tête des envahisseurs : voir la mythologie de l'île) et fondent une ville dans le même style que les forteresses de l'Argolide avec des murs cyclopéens au sommet du mont Oros, ils participent à la guerre de Troie et font partie des Myrmidons (voir l'Iliade).
Après l'arrivée des Doriens autour de 1000 avant J.C pedant la période dite sombre, ceux-ci y introduisent leur dialecte d'origine grecque et adorent le dieu Zeus au sommet du mont Oros. C'est le début d'une nouvelle civilisation grecque (période géométrique 900 à 700 avant J.C)
Après une période de dépeuplement, un nouveau peuplement arrive du Péloponnèse vers 900 avant J.C. C'est un nouvel âge d'or pour l'île qui développe son commerce avec les villes côtières de l'Argolide jusqu'au Pelion et vers les Cyclades grâce à sa position stratégique entre les îles, l'isthme de Corinthe et l'Argolide... Vers 600 avant J.C, la ville d'Egine frappe sa propre monnaie, elle devient une des premières flottes de Grèce et ses marins s'installent tout autour de la méditerranée et dans la mer noire pour créer des comptoirs. Vers 500 avant J.C elle aurait compté 40 000 habitants, sa prospérité permet la construction du temple d'Athèna Aphaia, un des plus beaux temples de Grèce.
Athènes s'inquiète de sa puissance et développe sa flotte de trières pour rivaliser avec Egine c'est le début d'une lutte qui ne se terminera qu'avec la suprématie de la ville de Péricles. C'est une période de guerres et de luttes commerciales. Pour ces raisons Egine ne fût pas alliée d'Athènes lors des premières guerres médiques en 490 avant J.C. Elle avait des accords avec les Perses et réalisait une grande part de son commerce avec l'Asie mineure, par contre lors de la bataille navale de Salamine en septembre 480 avant J.C, elle combattît aux côtés d'Athènes avec 30 trières, sans doute parce que la victoire des Perses aurait entrainé la domination du roi Xerxes.
Ensuite elle fût toujours opposée à Athènes et se rangea du coté des spartiates et fût, en partie, à l'origine de la première guerre du Péloponnèse. Après différents conflits avec sa rivale, en 457/456 avant J.C, elle est battue et doit intégrer la ligue de Délos et payer tribut à Athènes.
Au début de la 2ème guerre du Péloponnèse en 431, Athènes évacue tous les habitants d'Egine accusés d'avoir fomenté le déclenchement de la guerre. Les Spartiates accueillent les habitants et en 405 avant J.C après leur victoire, les habitants d'Egine peuvent retourner sur leur île. Les eginètes doivent accepter d'être sous domination spartiate, cet état de fait durera jusqu'en 376 avant J.C et la victoire de Chabrias sur la flotte spartiate à Naxos. En 367 Charès conquiert l'île d'Egine qui demeure ensuite sous domination athénienne jusqu'à la bataille de Cheronée (338 avant J.C ) où elle devient macédonienne. Elle suit ensuite les tribulations des autres îles grecques avec la conquête romaine puis avec la séparation de cet empire en deux entités, elle passe sous l'empire byzantin. Elle subit des raids sarrasins en 9ème siècle, et les habitants commencent à partir vers le centre de l'île pour se protéger des incursions des pirates (ville de palaiochora) et le site antique de Kolona est totalement abandonné.
En 1204 après la prise de Constantinople, elle devient propriété des vénitiens puis des catalans, elle fait partie du duché d'Athènes. Elle passe aux mains de différents princes jusqu'en 1451 où elle passe sous protection directe de Venise. Egine sort un peu de sa léthargie et reprend son activité commerciale avec les ports d'Asie mineure et de la mer noire.
Barberousse s'en empare en 1538 et fît massacrer tous les hommes, les femmes et les enfants furent envoyés comme esclaves à Istanbul. En 1654 Venise reprend l'île et elle demeurera possession de Venise jusqu'en 1718 où l'île passe aux mains des ottomans.
En 1821 avec le début de la guerre d'indépendance, les habitants se battent et l'île devient pendant un an, capitale provisoire de la Grèce indépendante et beaucoup de maisons du port de Chora datent de cette période.

A découvrir sur l'Île d'Egine

  • Egine Chora : La ville s'étend le long de la mer et aligne ses façades néo classiques du 19ème siècle lorsque la ville devînt première capitale de la Grèce et connut un important développement. Maintenant la large avenue qui longe la mer est dévolue aux cafés, restaurants, banques et boutiques de luxe. Dans les petites ruelles parallèles, des commerces plus traditionnels et des petites restaurants de poissons autour du minuscule marché. Il y a peu de constructions plus anciennes hors la tour Markeliou.
  • Le temple Athéna Aphaia : Construit au sommet d'une colline couverte de pins, avec une vue panoramique sur l'ile, l'attique et l'Argolide, c'est un magnifique temple bien conservé qui date du 6ème siècle avant J.C (500 à 450 avant J.C). C'est un lieu consacré à une divinité féminine depuis la très haute antiquité, comme cette divinité était très belle, elle était poursuivie par les hommes, aussi Minos la fît disparaitre et elle devînt invisible et son culte continua sur le lieu de sa disparition depuis le le 13ème siècle avant J.C sur cette colline où est maintenant construit le temple d'Aphaia « l'invisible ».
    Le temple est construit en calcaire local et mesure 13,80 m sur 28,50 m avec 6 et 12 colonnes, la statue de la déesse au centre était en chryséléphantine (or et ivoire). Des restes de peinture on permis de comprendre que les temples grecs n'étaient pas de la couleur blanche du marbre ou du calcaire mais polychromes. Le toit et les statues étaient en marbre de Paros.
  • Le site archéologique de Kolona : Le site se trouve à environ 1 km de la ville d'Egine en longeant la mer, c'est l'unique colonne (haute de 8 mètres) visible de loin qui a donné son nom au site, c'est la dernière colonne d'un temple dédié à Apollon.
    La ville a été habitée et fortifiée depuis le 4ème millénaire avant J.C (3000 avant J.C, restes de murailles de l'époque néolithique et de l'âge du bronze). Le musée détaille les différentes périodes de la construction et permet de mieux se rendre compte de l'évolution de la ville du néolithique, puis des murs cyclopéens de l'époque mycénienne avant les murs de la civilisation classique et la période romaine.
  • Le mont Oros : une vue superbe sur l'île du sommet de la montagne d'Egine et les ruines d'un temple de Zeus peu évocateur.
  • Palaiochora :
    Palaiochora est l'ancienne capitale de l'île à partir du 9ème siècle lorsque les raids des pirates ont fait fuir la population qui vivait au bord de la mer (sans doute sur le site de Kolona). Elle est située au flanc d'une colline dos à la mer pour ne pas être vue de loin, une forteresse au sommet permettait de se protéger. Elle a été pillée et rasée par Barberousse en 1537 (voir histoire d'Egine), puis fût réhabilitée pendant la période ottomane et les habitants ne l'abandonnèrent qu'à partir de l'indépendance en 1830.
    Il ne reste de la vieille ville que de minuscules églises réparties entre les oliviers, les pins, les chênes, etc... Elles sont reliés entre-elles par les anciennes rues qui sont bien entretenues, les maisons ont disparues, sans doute que les pierres ont servi de carrière lors de l'édification de la ville moderne d'Egine au 19ème siècle. Certaines églises possèdent quelques belles fresques, cette visite reste une belle promenade dans la nature même si, comme le site est vaste et peu protégé, beaucoup d'églises sont fermées au public (il existe 32 chapelles encore en bonne état).
  • Église Ormorphi Eklisia : elle est située près de la route qui va de Chora à Agia marina à la sortie de la ville près du village d'Aghi Asomati, elle possède quelques belles fresques du 13ème siècle.
  • Perdika : près de Perdika, isolé sur une presqu'île au bout d'une route de terre à peine visible, une fondation a crée une « caméra obscura » le site est en général ouvert au public.

 

Les plages

L'ile d'Egine n'est pas réputée pour ses plages, on y vient principalement pour ses sites archéologiques et sa vie typiquement grecque, mais elle en possède quelques unes. La plus belle plage de sable est celle d'Agia Marina, par contre en haute saison elle est assez envahie et il faut savoir qu'autour un village balnéaire avec hôtels, cafés et restaurants, principalement pour jeunes nordiques en quête de fêtes a été construit. Il est préférable de venir hors la haute saison pour les amateurs de calme. D'autres plages à proximité du site de Kolona et vers Perdika permettent de profiter de la mer, Perdika est spécialisé dans les tavernes de poissons principalement et beaucoup de grecs viennent en saison se restaurer dans ce village.

 

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